Nos amies les bêtes ..
Ce devait être en 1952, j’avais "moins 4 ans", mes (futurs) parents habitaient un minuscule appartement de la rue de Wattignies dans le 12e à Paris. Il me semble qu’il était au 3e étage, l’évier de la cuisine servait de "salle de bain" - m’ont-ils dit - et les toilettes communes étaient sur le palier du dessous. Mon (futur) papa, un bel homme aux yeux bleus, rentra un soir avec un tout petit chaton dans la poche de sa gabardine. Tombés sous le charme de la bestiole craquante, ils l’appelèrent "Bijou" ... jusqu’à la visite chez le vétérinaire qui annonça que c’était une femelle, Bijou devint donc "Bijounette" ! Un an plus tard naissait ma grande soeur. Bijounette s’installa délibérément dans son berceau, empêchant quiconque d’approcher le bébé quand il dormait (y compris mamy mais sauf papa-maman bien sûr). Deux ans et demi plus tard, je naissais et Bijounette reprit sa mission de garde rapprochée dans mon berceau. Je ne pense pas trouver de photos de cette première bête de ma vie mais c’était une belle tigrée au plastron blanc et aux yeux vifs, qui arborait fièrement son collier rouge à grelot, comme il était de mise pour nos félins à l’époque.
1963, nous emménageons dans une belle maison de 1930 avec jardin en banlieue. Un matin d’hiver, nous découvrons couché sur le perron, un beau chat couvert de neige. Le pauvre doit être gelé, vite, installons-le près de la chaudière au sous-sol car Bijounette ne veut pas en entendre parler ! Mais ce nouveau tigré a un bel embonpoint et nous délivre bientôt quatre chatons tous différents et si attachants, qu’il est impossible de ne pas s’apitoyer. Naturellement, la belle minette prendra la poudre descampette, nous laissant le soin de sa projéniture à peine sevrée (!) Ces quatre petits chenapans ne trouvant pas d’acquéreurs, je choisis une femelle trois couleurs que je nommais "Jerry", ma soeur un mâle gris et blanc "Kid" (qui mourut hélas très tôt), papa-maman un beige "Pacha" et Madame Eugénie pris le plus frêle, un rouquin que nous avions appelé "Minus". S’accommodant bon gré mal gré de cette promiscuité, Bijounette vécut une belle vie à nos côtés pendant 18 ans.
En 1975, je décidais de partir en moto pour une nouvelle vie et quittais le cocon familial en laissant Jerry avec Pacha, papa-maman (une sale habitude des jeunes qui trouvent toujours un prétexte pour partir sans leur animal, c’est bien connu, mon excuse étant mon moyen de transport, la moto, qui m’empêchait d’emmener Jerry). Je m’installe donc en toute désinvolture dans une nouvelle vie et adopte par hasard quelques temps plus tard, un chaton tout blanc, vif, drôle, sourd d’une oreille, qui partait à gauche quand on l’appelait à droite !! Maïa sera mon centre du monde pendant bon nombre d’années, me suivant même au Gabon. Mais en 1983, retour d’Afrique pour la région parisienne avec un nouvel amoureux, laissant Maïa au Gabon avec celui que je quittais (je ne vais quand même pas TOUT vous raconter, hi hi)
Et voilà comment Gombé - mon amour de chat gris - est entré dans ma vie .. Une petite annonce à la boulangerie, un rendez-vous, une superbe chatte gris et blanc qui nourrissait trois rejetons, j’ai choisi le gris uni, le plus vorace, le plus dégourdi. Gombé a dormi le long de moi pendant 13 ans, je lui avais appris une foule de choses, grimper sur moi et se jucher sur mes épaules les pattes pendantes de chaque côté de mon cou, comme un col de fourrure. Il marchait en laisse, prenait l’ascenseur, il nous accompagnait partout, en voiture, à la varappe, en camping sauvage, en kayak, en wagon-lit, en avion. Il a vécu en brousse, a fui une civette qui aurait sans doute gagné la bataille. Il grimpait le grillage du poulailler et s’installait au milieu des poules, il a eu un ami lapin qui a creusé un tunnel sous le grillage du poulailler pour sortir le rejoindre quand il n’y était pas. Il a rapporté des serpents vivants dans la chambre de notre case. Je l’ai vu les combattre, debout comme un ours, boxant le serpent dressé, mémorable !!
Et quand mon bébé est né, Gombé s’est délibérément installé dans son berceau, jouant le remake de ma naissance, j’ai laissé faire .. Eh oui, le premier chat de mon fils était là aussi AVANT sa naissance (!)
Ce chat a été le compagnon de beaucoup de nos aventures, Centrafrique, Gabon, Maroc, Rwanda, Var, Burkina Faso, Togo, Bénin .. Pendant quelques années, il partagea son territoire avec Moulouk notre labrador, puis Macao le noiraud à poils longs, une bonne pâte !
A SUIVRE ...